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Des Dolomites aux Alpes en passant par quatre campings uniques

Découverte \ Tyrol du Sud

6 janvier 202316 minutes de lecture
Tags Tourisme Italie

Nous, Occidentaux, écrivons de gauche à droite et trouvons cela normal. Et lorsque nous examinons un itinéraire horizontal sur la carte, nous procédons de la même manière. Mais dans le Tyrol du Sud, nous allons procéder autrement: nous circulons de l’est vers l’ouest, de Sexten dans les Dolomites jusqu’à Stelvio dans les Alpes.

Le trajet le plus évident pour atteindre le Sud-Tyrol (Haut-Adige) passe par Innsbruck. Nous préférons un itinéraire plus passionnant, par Rosenheim, Matrei et Lienz, afin d’entrer en Italie par l’est. S’il faut payer 10 € pour le tunnel, on n’a pas besoin de vignette d’autoroute et on peut éviter de passer par le Col du Brenner.

Camping CaravanPark Sexten

Passé la frontière vous vous trouvez aussitôt dans le Tyrol du Sud ou Haut-Adige, cette région italienne bilingue autrefois partie intégrante de l’Autriche. On remarque ces origines à plusieurs caractéristiques: on se salue en disant Grüβ Gott, les édifices et les églises ont un petit air autrichien et dans les restaurants, les plats sont très copieux, à l’allemande. Mais on détecte aussi une touche de gastronomie italienne: si les plats sont copieux, ils sont aussi raffinés. Près de 70% des habitants du Tyrol du Sud parlent l’allemand, et dans la capitale de Bozen ou Bolzano, c’est la langue italienne qui domine.

A Innichen, dans la superbe vallée du Puster, nous prenons à gauche en direction de Sexten. Le camping est très bien indiqué et nous sommes quelque peu excités car nous arrivons dans l’un des plus beaux campings d’Italie, et d’Europe.

CaravanPark Sexten possède un mur couvert d’awards, de prix, de médailles et de rubans et nous sommes étonnés de la modicité relative des tarifs. On peut débarquer ici avec une tente, un motorhome ou une caravane, mais si le cœur vous en dit, vous louerez une cabane dans un arbre ou un chalet original. L’ensemble est un peu élitiste à cause de la surreprésentation de marques telles que Carthago, Niesmann+Bischoff, Fendt et Tabbert, mais l’ambiance est sympathique et décontractée. A l’aire de stationnement à l’avant vous payerez 23 € en basse saison mais la loi italienne vous interdit d’y séjourner plus de deux nuits. Et cela nous semble une bonne mesure, après tout, les emplacements pour motorhomes sont faits pour les randonneurs. Le domaine respire le calme, le cadre est à vous couper le souffle avec toutes ces montagnes tout autour et vous pouvez obtenir ici tout ce qui vous passe par la tête. Tout semble absolument naturel. Dans l’atelier de menuiserie du camping, les vieilles planches sont recyclées pour en faire des maisonnettes de vacances. Du restaurant plein d’ambiance à la boutique qui offre un grand assortiment de produits régionaux, des bâtiments sanitaires impeccables au complexe de piscines du Hallenbad, une merveille, tout est parfait. Tout est garni de pierre naturelle, de bois et de verre. Le fond de la piscine d’une profondeur de 1,40 m est tapissé de gros cailloux ronds. Il y a des bains à bulles et des bancs en pierre chauffés pour se reposer. Etant donné que ce camping est également accessible en hiver, vous pouvez imaginer le bonheur de piquer une tête dans l’eau après une journée de ski et de vous réchauffer ensuite près du feu. Il existe un passage vers la piscine extérieure et lorsqu’on est fatigué, on se présente pour une séance de remise en forme au wellness. On peut aussi se faire coiffer, prendre un bain de foin ou se faire masser.

Monte Elmo

Entourés que nous sommes par les majestueux pics des Dolomites, classés au patrimoine de l’humanité, nous n’avons qu’une envie: chausser nos chaussures de marche. Nous prenons le bus à l’arrêt près du camping vers Moos (ce qui nous coûte 3 € pour deux). A hauteur du téléphérique vers Helm/Monte Elmo, nous optons pour une randonnée de six heures qui nous ramènera vers le camping. Dans la cabine, il n’y a presque plus de place, on dirait que deux cars de randonneurs s’y sont donnés rendez-vous! Ce public se compose essentiellement de septuagénaires en pleine forme. Arrivés en haut, ils se mettent en route, armés de bâtons, à une allure de chercheurs d’or. Et si ce n’est pas de l’or qu’ils trouvent, c’est aussi beau, car la vue est spectaculaire. Nous avions secrètement espéré que le chemin s’inclinerait vers la vallée mais il n’en est rien, nous ne faisons que grimper dans les premières heures. Vers midi nous avons dépassé la limite de la végétation arborescente et nous arrivons au Sillianer Hütte pour nous restaurer. A partir de là, la descente s’amorce, chaque changement de direction révèle un nouveau panorama. Au bout de la journée, nous sommes heureux de pouvoir nous délasser au Hallenbad providentiel.

Le Toblacher See

A la boutique, j’ai acheté pour 5 € de sandwiches et après l’Entsorgung (la collecte des déchets) dans la sanistation exemplaire, nous mettons le cap sur Toblach. En italien, cette localité s’appelle Dobbiaco et, avouons-le, cela a une consonance nettement plus ‘Ferrari’. La distance que nous parcourons est courte mais la situation du camping Toblacher See, en prise directe avec le lac et entouré de montagnes, est particulièrement romantique. Le camping en terrasses, très soigné, offre une belle vue où que l’on se trouve. Les sanitaires sont superbes et le restaurant Seeschupfe est excellent. Se trouver là en terrasse, tout près du lac d’une belle couleur verte, est un double plaisir. C’est ici que vous trouverez la véritable pizza italienne, et les grillades ne sont certainement pas à dédaigner. Autour du lac d’une profondeur de trois mètres s’étire un joli chemin didactique que longe une piste cyclable à double sens. Nous apprêtons nos vélos et partons vers le sud. Une très belle piste cyclable se prolonge jusqu’à Cortina d’Ampezzo, où eurent lieu les Jeux Olympiques d’hiver en 1956. D’après notre carte, la randonnée, aller et retour, sera de 58 km. Nous démarrons à une hauteur de 1259 m. La première section est de 10 km et grimpe sans arrêt jusqu’à Cimabanche, à une hauteur de 1529 m. En cours de route nous passons devant le cimetière militaire de

Naβwand où sont inhumés 1259 soldats de la Première Guerre, de toute nationalité. Juste avant d’arriver au Dürrensee/Lago di Landro, la vue sur les Drei Zinnen/Tre Cime (les trois créneaux), une des plus belles formations rocheuses des Dolomites, est à couper le souffle. Une jolie promenade vous mène depuis le lac jusqu’au Drei Zinnen Hütte. Elle vous occupera au moins trois heures. Depuis le point culminant de notre randonnée à vélo, la descente s’amorce sur une distance de 18 km vers Cortina, une station plutôt huppée et très conviviale. Il est l’heure d’une ‘gelato’!

Bozen/Bolzano

Notre prochaine destination se trouve à une centaine de kilomètres vers le sud-ouest, c’est Bolzano. La capitale du Tyrol du Sud fleure bon l’Italie. Cette ville assez étendue possède un centre historique très agréable et sur la place du marché, les germanistes reconnaîtront la statue du poète lyrique du moyen âge Walther von der Vogelweide. On peut y flâner longuement en faisant du lèche-vitrine ou s’installer confortablement sur une terrasse devant un cappuccino. Ou un verre de vin rouge local. Tant le ‘Lagrein’ que le ‘Magdalena’ sont excellents. Dégustez votre verre accompagné de quelques tranches de Speck (jambon) qui fait la célébrité du lieu. Et n’oubliez pas de ramener de ce vin à la maison car vous n’en trouverez probablement pas chez vous.

Les curiosités abondent dans la ville; ne manquez pas Ötzi au musée archéologique. Ötzi, l’homme des glaces, dont la momie a été découverte il y a 25 ans dans les Alpes de l’Ötztaler, vivait il y a plus de 5000 ans. Autour de l’homme des glaces et des objets découverts autour de lui dans le glacier s’est élaborée une exposition qui établit une nouvelle norme en matière de présentation et de pédagogie muséale.

Un peu en dehors de Bolzano, le MMM (Messner Mountain Museum) au château de Sigmundskron, est tout aussi intéressant. C’est là que l’un des alpinistes les plus célèbres du monde et assurément le Tyrolien du Sud le plus connu, Reinhold Messner, vous expose sa vision de la protection des zones montagneuses. Ce que vous verrez, c’est bien plus qu’une exposition de souvenirs de voyages lointains, c’est plutôt un plaidoyer pour la durabilité. « Si le tourisme veut rester actif dans les décennies qui viennent, on ne peut faire l’impasse sur les aspects écologiques », déclare Messner. Ce message n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd, car quasi tous les campings du Tyrol du Sud portent le label ‘Ecocamping’ qui recouvre toute une philosophie.

Lerncamping Moosbauer

Le Camping Moosbauer, qui existe depuis trois générations déjà, a bien intégré la philosophie de Messner. Ce site de petites dimensions, à la périphérie de Bolzano, est non seulement très convivial mais a toujours été précurseur pour l’introduction de nouveautés: le premier à installer une piscine, le premier pour les panneaux solaires, le premier à remplacer le chlore par le sel dans la piscine. Et actuellement, c’est le premier camping didactique d’Europe. En construisant le nouveau bloc sanitaire, Klaus Egger a en effet été plus loin que d’habitude. On y fait un usage optimal de l’énergie verte et on y utilise l’eau avec parcimonie. De plus on peut apprendre beaucoup de choses de manière ludique dans le camping. Des informations sur le Tyrol du Sud sont disséminées à travers le site, sur Bolzano et ses habitants, sur les traditions et particularités et aussi sur l’énergie et les technologies d’avenir. Dans chaque vaste douche vous verrez de superbes photos assorties d’une info à méditer. Cela donne envie de connaître chaque cabine de douche avant la fin du séjour! Et c’est pareil dans les toilettes. De nombreux clients visitent ce camping aux vacances de Pâques: on skie le matin et on prend le soleil près de la piscine l’après-midi. Le resto vaut le détour car il vous propose une cuisine italienne de qualité. Ce camping sait se maintenir; certains visiteurs le fréquentent depuis plus de 20 ans. Il faut dire que le Tyrol du Sud peut afficher 300 jours d’ensoleillement par an et on ne s’étonnera donc pas d’apprendre que le camping est complet jusqu’en octobre.

Meran/Merano

Bolzano se situe entre la beauté sauvage et expressive des Dolomites et la splendeur des vastes vallées qui constituent le ‘jardin de l’Italie’ derrière lesquelles se dresse la majesté des Alpes. Nous sommes curieux de visiter une de ces vallées et sortons nos vélos de leur abri. Le chemin vers la station thermale de Merano, située à 25 km, est idéal, il traverse les vergers où les pommes d’un rouge éclatant attendent la cueillette. A notre gauche coule l’Adige (Etsch) et autour de nous ce ne sont que montagnes. A droite se situe Bolzano dominée par un massif montagneux aride. Le temps est très agréable, l’environnement photogénique jusqu’à la charmante ville de Merano. Près des nouveaux thermes nous traversons le petit pont et nous installons confortablement sur un banc le long de la promenade ‘Sissi’ pour dévorer notre pique-nique et observer les passants. En route vers le château de Trauttmannsdorff entouré de l’un des plus beaux jardins du pays, nous sommes submergés par la chaleur et ne résistons pas à la tentation d’une ‘super-gelato’ à 3 € pour trois délicieuses boules. Par une rue traversante, nous aboutissons dans le centre où toutes les terrasses sont occupées alors qu’on est fin septembre. Merano est un point de départ idéal pour les randonnées en montagne. Un télésiège vous mène vers Dorf Tirol et là, d’innombrables possibilités de balade s’offrent à vous.

Vers le Stelvio

Pour atteindre notre dernier objectif de camping, nous devons traverser le Val Venosta (Vinschgau) vers Prato allo Stelvio, le superbe col qui forme la frontière avec la Suisse. Le Val Venosta se caractérise par ses contrastes paysagers. L’Ortles culmine à 3905 m et est le sommet le plus élevé du Tyrol du Sud. Le camping Sägemühle occupe une situation de rêve dans ce cadre somptueux et offre des panoramas grandioses. Cet Ecocamping vous propose tout ce que vous pourriez souhaiter, quelle que soit la saison: une piscine intérieure, un sauna, un bloc sanitaire en sous-sol, un excellent restaurant et tous les jours une pomme du verger. Ces pommes ‘maison’ sont excellentes et vous pouvez en acheter une caisse à un prix dérisoire. Elles tiennent le coup jusqu’en hiver. Lors de votre inscription vous recevez des cartes gratuites pour les bus et les trains dans toute la zone du Val Venosta.

Le matin à 7h55 nous prenons le bus vers Stelvio d’où nous reviendrons à pied. Une heure et 48 épingles à cheveux plus tard, le bus nous dépose au sommet de la montagne. La route qui y mène est étroite et inaccessible aux véhicules de plus de 10,5 mètres. Le bus est dès lors très compact. Au sommet, le silence est écrasant jusqu’à ce qu’il soit rompu par un groupe de testeurs de BMW et de Porsches qui font hurler les moteurs. L’endroit est un terrain de jeu très apprécié des testeurs. Les veinards.

Le chemin de retour s’appelle tout simplement ‘20’ et il devrait nous mener en trois heures à un refuge. Au début, on a l’impression d’évoluer dans un paysage lunaire et on aimerait disposer de bâtons. Le vide s’ouvre à côté de nous; nos premiers pas sont lents, et nos jambes… tremblantes. Nous apercevons un groupe de cinq pilotes de mountain bike qui entame la même descente que nous et soudain nous avons l’impression d’être des mauviettes! Les panoramas changent constamment, les glaciers bleus alternent avec des roches chauves. Quelques heures plus tard nous avons atteint le ‘refugio’, terminus du télésiège de Trafoi, qui nous permet de descendre comme dans un rêve vers le fond de la vallée.

Reschensee

Depuis Prato une très belle piste cyclable s’élance vers Reschensee, dans le nord, là où se situe le col. Dans quelques jours nous prendrons cette direction pour rentrer chez nous. La piste suit l’Adige et ne cesse de grimper sur 20 km. Sur cette distance, on passe de 900 m d’altitude à Prato à 1500 m d’altitude. Heureusement monsieur Tesla nous a fourni le soutien indispensable. La localité médiévale de Glurns mérite qu’on s’y arrête.

C’est la seule petite ville du Tyrol du Sud dont les murs d’enceinte sont restés intacts. Le premier grand lac est le Haidersee près de San Valentino. Nous espérons apercevoir déjà le fameux clocher dans l’eau, mais pour cela, il faut encore pédaler vigoureusement jusqu’à Graun. Depuis le bord du Reschensee on aperçoit alors le clocher de Curon qui dépasse tout juste de l’eau. Le village a été englouti lors de l’aménagement du lac de barrage. Le retour vers Prato, nous l’effectuons en un temps record: les pentes sont de 16 à 20% et le vent du nord nous pousse dans le dos. Tout au long de cette randonnée nous avons profité des magnifiques panoramas sur les montagnes du Haut-Adige. Nous n’aurions pas pu terminer ce merveilleux voyage de meilleure façon.

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